On ne peut que se réjouir de voir « le Goût des Autres » nous proposer à nouveau des consignes d'écriture, signe qu'il est revenu à meilleure santé !
Histoire de nous remettre dans le bain, je vous propose de dire ce que vous ressentez à la vue de la Dame de Shalott, ce tableau de John William Waterhouse censé traduire la pensée de lord Tennyson lorsqu’il écrivit le poème éponyme.
Même si lundi est le lundi de Pâques qui vit sortir à la surprise générale le Christ sortir de sa tombe, et dire bêtement à Marie-Madeleine qui ne demandais que ça « Noli me tangere », je compte sur vous pour donner à ce lundi toute la sensibilité nécessaire.
Madame, Monsieur,
Si nous étions à l'époque décadente du XXIe siècle, des âmes incultes déclareraient certainement d'un air hautain « qu'elle fait la gueule… ». Voilà qui serait inapproprié, qui plus est hautement contestable et non conforme à la réalité, nonobstant que celle-ci soit le plus souvent alternative à cette époque qu'il faudra très vite oublier.
Non, ce qu'elle déplore, c'est à quel point l'endroit est dégueulasse, la flotte pue littéralement, que s'en est une infection. C'est glauque, sale, poisseux, très mal entretenu par le Seigneur du lieu, qui soit dit en passant n'a strictement rien à voir avec le Dieu que fêtent les adorateurs du Graal chaque année en bouffant du chocolat à s'en rendre malade. Il est des civilisations d'une étrangeté particulièrement étonnante.
Mais revenons à la Dame dont s'agit. Elle a fauté ! Elle est tombée en amour comme on dit ailleurs. Un amour chevaleresque avec un chevalier, ça va de soi . Un nommé Lancelot qui n'en a rien à foutre d'elle, soit dit en passant par la Lorraine avec des sabots . Elle le voyait dans un miroir. (miroir ! Mon beau miroir !…).
Histoire de vérifier si celui-ci n'était pas déformant, elle voulut l'admirer par la fenêtre pour du vrai de vrai comme dit un gosse que je connais. Pas de bol ! C'était une très mauvaise idée… l'inventeur de l'histoire l'avait assortie d'un sortilège de derrière les bouteilles de vin de messe. Malheur à elle si elle regardait par la fenêtre : la mort ! La pauvre, qui n'en a cure (de jouvence), jeta un œil dehors, espérant qu'il y déambula. Que nenni ! Lancelot était déjà parti pour tenter de retrouver le sang du cadavre du fameux dieu mort, mais pour trois jours seulement , tout là-bas, en terre dite saine et Sainte.
Bon, vous me direz, voilà une histoire foireuse d'amour sans intérêt. Vous auriez raison, mais attendez la fin, si toutefois vous aimez les trucs bien crades. Parce que pour tout vous dire, elle a pris la barque pour aller vers la mort. C'est comme je vous le dis. C'est pourquoi il y a trois bougies dont deux sont déjà éteintes. C'est un signe non ?
La barque où elle s'embarque est celle du célèbre Charon qui l'a revendue à cette brave Dame de Shalott, parce que sa coque était toute pourrie. Notre héroïne peinte avec ses longs cheveux et son vêtement blanc fait donc une tête d'enterrement car de mourir bientôt elle en a pleine conscience. (Elle pratique la méditation de pleine conscience depuis lurette). Pour se sauver de ce péril il fallait qu'elle se rende à Camelot (le repère où habite Lancelot et son équipe de chevaliers des tables rondes comme des queues de pelles), histoire de trouver la Cassette qui contenait la camelote dont elle avait besoin pour traverser l'Achéron sans péril et ne pas être engloutie dans l'empire des morts.
C'est là qu'on voit combien les légendes se télescopent et s'entrecroisent pour le plus grand bonheur des complotistes de tous poils et de toutes époques.
Et c'est là aussi qu'on se dit que ce texte est totalement dénué d'intérêt.
Pour ma part je préfère et de loin rejoindre la barque pour Cythère qui offre des perspectives bien plus exaltantes et voluptueuses.
Je viens de lire le billet de Ambre, j'ai bien ri en le lisant et j'arrive chez toi... un autre style mais tout aussi drôle, vous avez égayé ma soirée ! Merci !
RépondreSupprimerBisoudoux ♥
À mes yeux il y avait guère d'autres solutions que d'écrire un texte improbable sur ce tableau déprimant ! Content d'avoir égayé ta soirée !
SupprimerJe constate avec plaisir que tu as pris cette histoire avec le même sérieux que moi...
RépondreSupprimerEt j'en ai profité pour corriger cette faute dans l'énoncé qui chez toi m'a immédiatement piqué les yeux.
En effet. Je n'ai cependant pas réussi à aller jusqu'à mourir de rire… :-)
SupprimerMoi, les fôôôtes, en général je ne les vois pas…
ils sont fous ces Anglais ;-)
RépondreSupprimerbien joué!
Et pas que les Anglais…
SupprimerMessage reçu par le formulaire de contact
RépondreSupprimerje ne parviens pas à commenter chez toi...merci à toi et à Le Goût pour
avoir éclairé ma lanterne au sujet de cette histoire inconnue de moi!
Cordialement,
emiliacelina
Je n'en connaissais pas grand-chose non plus. Au moins ça permet d'enrichir sa culture d'un ou deux poils !
Supprimer(Désolé pour la difficulté à commenter en direct… ça arrive parfois…)
Nos titres se ressemblent, après je suis incapable d'écrire avec ton humour que j'apprécie toujours autant.
RépondreSupprimerIl faut parfois s'en sortir avec des pirouettes surtout face à un tel tableau !
SupprimerMon Dieu, mon Dieu !
RépondreSupprimerJ'ai hésité à "embarquer" dans cette histoire qui nous parle
de désespoir et de mort...
ainsi que du danger de regarder directement "par la fenêtre"...
Le Belle de Shalott nous parle-t-elle de nous ?
Elle qui tissait et retissait ce qu'elle voyait dans son miroir ?
Quand on se souvient que le mot "texte" veut dire "tisser les mots"...:-)
« Miroir mon beau miroir, dis-moi qui est plus beau que Lancelot »
SupprimerFinalement je vais me rabattre sur Blanche Neige !
À l'injonction « faut pas tisser » je préfère « faut pâtisser »
et merci de m'avoir appris d'où vient le mot texte. Maintenant je sais que quand j'écris je tisse.
Eh oui, ça vient de "texere", tisser
Supprimer(même étymologie que "textile")
C'est pour ça, que, quand on écrit, faut pas "perdre le fil"... ;-)
😂 🤩
SupprimerLa dame échalote, pas mal..Finalement, elle n'inspire guère la compassion, peu ont eu pitié d'elle....Pénélope inspirait plus la compassion (je ne parle pas de la femme à Fillon, mais celle à Ulysse, encore une qui a eu bien de la patience à attendre son seigneur et maître)...
RépondreSupprimerJe trouve en effet qu'elle inspire plutôt le désespoir… et si j'osais j'ajouterais… non, je n'ose pas !
SupprimerQuant à l'évocation de la femme à Fillon… ça se passait dans quel siècle ça ? Modiou que le temps passe… :-)
Et sinon je suis d'accord à propos de Pénélope, la meuf à Ulysse.
Elle avait qu'à pas tomber amoureuse de Lancelot.
RépondreSupprimerLancelot, c'est juste un pompier de première classe à la caserne de la Pointe rouge à Marseille qui par lutter contre le feux avec sa lance à eau. Mais, lui, dans sa tête, il se prend pour un preux chevalier qui part au combat avec une grande lance. Et l'autre bécasse, elle l'a cru. Moi, je lui avais dit, mais non, rien à faire. Et là, elle est dans sa barque, avec sa tronche de malheureuse et ce grand couillon de "Maison de l'eau" qui perd son temps à la peindre. Et pas qu'un peu hein. Il en a fait trois versions de la donzelle mal aimée... Ah, j'te jure, y a des coups de bâton qui se perdent.
Bon.... j'espère que personne ne m'en voudra de ce jeux de mots foireux !
Oh là là... qui part lutter !
SupprimerJ'espère bien que personne ne t'en voudra. Pas moi en tout cas. Sincèrement j'ai bien ri en te lisant et ça fait grand bien ! J'adore Lancelot le pompier de Marseille ! Ainsi que ta version de l'histoire !
SupprimerUne réussite !
Bonjour Alainx, et bien, le voila habillé pour l'hiver, le Dieu que fêtent les adorateurs du Graal chaque année en bouffant du chocolat à s'en rendre malade, pauvre dame et brave Lancelot un peu compliqué le gars . Un texte bien inspiré et non dénué d'intérêt bien au contraire, je l'ai bu comme du petit lait.
RépondreSupprimerMerci beaucoup pour ton appréciation.
SupprimerDe mon côté je me suis bien amusé à l'écrire !
çà se ressent à la lecture.
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