Une blogueuse n'indique que ce commentaire est très intéressant et mériterait que j'en reparle « ici ».
N'ayant pas trop le courage (c'est les vacances !) de remettre en forme tout ça je publie ici simplement le commentaire laissé là-bas.
À vous d'aller voir chez Pierre si ça vous intéresse.
(Il y a bien d'autres choses intéressantes qui y sont dites…)
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A propos de ton titre : "Avant la fin"....
Certes avant une "certaine fin", celle d'une forme relationnelle dont nous avions l'habitude.... se voir, se parler, se toucher, se respirer, s'entendre, être intime de corps, etc ..... Ce que nos habituels 5 sens permettaient....
Mais est-ce LA fin... ?
Tu écris : "au delà de la disparition d'un être, la mort représente surtout la perte irréversible du contact avec l'être aimé. Le lien peut demeurer, spirituellement et émotionnellement, mais sans réponse désormais."
Ma modeste expérience "avec" les morts qui me furent chers et importants me fait voir les choses sous un autre angle.
Je suis d'accord quand tu distingues lien et relation. La relation à l'autre crée sans doute un attachement, pas nécessairement un lien. Si les 2 existent, alors certes, la relation (échange avec les sens) n'est plus de l'ordre connu jusqu'alors. Mais le lien demeure et se manifeste "de fait" si je puis dire...
Autrement dit "réponse" il y a, malgré la mort du corps.
Je me sens toujours en lien... et j'oserai presque dire... en relation... avec certaines personnes mortes.
J'ai tout un temps vécu dans le "c'est fini" comme un nécessaire acceptation, et, qu’au mieux, restait le souvenir entretenu de diverses manières : évocation avec d''autres, photos, vieilles lettres, vidéos même.... etc.... Mais ce n'était que choses anciennes, comme on retrouve quelques traces dans des greniers...
Ce n’était que la surface visible es eaux, par le mystère des profondeurs.
Peu à peu, avec les années, je suis entré dans un nouvelle perception plus « vivante » car ne n’étais plus seulement de l’ancien…. mais « du neuf » dans le lien, toujours vivant en moi, sous forme d’une présence perceptible, sensorielle, émotionnelle sans sensiblerie, venue des profondeurs.
Mes morts continuent de m’enseigner la vie, la mienne, et plus généralement le sens du Vivant.
Ainsi, de mon père (mort il y a 26 ans) et aussi d’un ami de jeunesse avec qui nous avions des projets intenses (mort il y 34 ans), je demeure en lien intérieur bien au delà des souvenirs d’un passé lointain. Je pourrais ajouter deux de mes maîtres à vivre. Ces êtres m’enseignent de l’intérieur, sans mots, sans je ne sais quelle manière perceptible et descriptible, Mais « ils sont là » et d’eux « je reçois » du plus que moi-même.
(difficile de mettre des mots sur ce que je cherche à exprimer).
C’est juste expérientiel, ce n’est pas philosophique et encore moins religieux… au sens d’une « croyance en une vie éternelle » tel que la chrétienté (et d’autres) le proposent…
Je comprends cependant cette démarche, que l’on puisse extrapoler en pensant à une sorte de « survivance en esprit » et que un « au-delà » soit envisagé comme une spéculation hypothétiquement plausible, par extension et universalisation de l’expérience personnelle.
Tout cela se faisant sous forme de représentation à la ressemblance de la vie humaine ordinaire. (vie paradisiaque, jardin d’eden, et autre forme matérialisable, représentable …)
J’essaye de m’en tenir à l’observation de ma réalité, pour autant qu’elle m’apparait.
Autrement dit je ne crains pas la mort de l’autre comme sa disparition définitive… avec la plaque sur la tombe « Regrets Éternels » ! En revanche je crains la douleur de la séparation physique, sensible, sensuelle, intellectuelle, etc…. La fin d’une forme connue du « partage » et d’une manière « d’aimer/et d’être aimé ».
Je redoute cette incontournable traversée, pour l’avoir vécue et l’avoir vu vivre chez d’autres… Elle est douloureuse, parfois longue, difficile à vivre…
Je le ressens en ce moment envers mon ami d’enfance qui vient de mourir.
Mais c’est juste une traversée. On dit faire son deuil (expression à-la-con), il s’agit surtout de faire un plus-de-vie avec l’autre en soi.
C’est une « forme de vie » qui meurt… S’en est une autre qui nait…
Tout cela est peut-être à l’image de ma propre trajectoire. Celle d’un jeune enfant qui flirta avec la mort, en ressortit totalement paralysé et emprunta un chemin de remise en vie pour déboucher dans un « autre monde » que celui qui lui apparaissait comme ayant dû être le sien « normalement »…
je me console à bon compte ? je m’invente une échappatoire ? une chimère ? Je suis dans le déni de la fin totale définitive et tragique ?
Peut-être…. Je sais que certains le pensent… C’est surement très bien pour eux.
Pour ma part, l’éternité c’est la vie qui ne disparait pas tant que le désir qu’elle soit se fait « présent continué ».