Ce matin, je me laisse aller bêtement à écouter la ti’te émission d’Augustin sur France Inter, histoire d’avoir une page cultu’ avant 10 heures pour la ménagère de plus de 60 ans, hé bien, je te le donne Emile, il y avait des jeunes !!! Yes ! Des jeunes ! Et sur France-Inter !
Mais que si ! Des jeunes qui chantent du jeune ! Enfin des jeunes qui chantent du vieux (façon les Rita, lesquels étaient déjantés, mais là, c’est du Rita mitsouko façon musique classique, si tu vois ce que je veux dire). C’est dans le genre garçons-et-filles-bien-sages-et-propres-sur-eux. Rien à voir avec l’extraordinaire inventivité de Catherine Ringer et Frédéric Chichin.
Mais bon, ce sont de jeunes.
Et là, je dois dire, j’ai eu ma surprise de la semaine (et on n’est encore que mardi). Voila, je vous narre le truc. Le jeune (enfin LA jeune, puisque là c’était une tite nana), et bien, elle AR-TI-CU-LE bien mieux que la génération précédente des jeunes, c’est à dire, celle des années 2005.
Perso, — mais bon je sais, j’ai toujours du retard à l’allumage, — j’en était resté à « Wé » pour ce qui est de se montrer approbateur des dires de son interlocuteur de l’instant qui précède celui du « Wé ».
Or, là, je comprends que c’est fini….
« Wé » c’était une sorte de paresse buccale, car le « oui » suppose des efforts zygomatiques plus intenses que le « Wé ». Tout bon laryngologiste vous le dira illico.
Eh bien la petite nana à la radio, elle a dit à plusieurs reprises, pour montrer qu’elle approuvait les propos d’Augustin Traquenard (qui lui ne réalise qu’après coup l’inanité des phrases qu’il lance en l’air sans savoir dans quel état déliquescent elles vont retomber), elle a dit : « Wé »….
Pas « Waiche » comme on l’entend parfois dans des patois locaux prononcés par de jeunes incultes, non elle a dit « Wé », mais — et c’est là toute la différence générationnelle d’une intensité que vous ne soupçonnez pas encore — la nana, a prononcé son « Wé » dans ce qu’on pourrait appeler un déroulé roulé-boulé du mot, qui n’est pas sans rappeler la jeune serveuse de ma boulangerie du quartier qui y va toujours de son :
— « Bonjour-rheeuuu »
et que je me demande encore si je dois pas changer de marchand de pain pour pas être énervé des potron-minet.
Mais revenons à la cult’ de traquenard du Trapenard.
Donc, disais-je, elle a développé le « Wé » dans un effort labio-lévro-lingual, tout à fait surprenant.
ce qui a donné (je tente de vous le faire le mieux que je peux par écrit) :
— « Hou-vous-haie » en veillant bien à passer subtilement de « Hou » au « Vous » et au « Haie » dans une glissade rapide, mais pas trop, façon anglo-saxonne.
Voila. Répétez après moi :
— « Hou-vous-haie »
Maintenant allez le faire devant votre miroir et regardez bien les mouvements impressionnants de vos lèvres et l’effort à déployer pour éviter le simple et banal « Wé ».
Hé bien là je dis : Bravo ! Bravo la jeunesse qui s’en vient. Qui remet sur le devant les valeurs de courage, d’efforts, d’engagement dans le vocable approbateur, non susurré subrepticement, mais affirmé en ouvrant bien la bouche (aussi grande que quand on suce) et en articulant pleinement.
Et après ça, il y en a encore qui oseraient critiquer notre belle jeunesse en la traitant d’oisive, de couille-molle, de déprimée et déprimante ?
Mais peau-de-castez donc l’émission pour vous entrainer à ces changements sociétaux…
Allez encore une fois : Vas-y Mamy :
— « Hou-vous-haie »
Tu vois quand tu veux ! Tu sais rester jeune !